Le modèle Slip-on : de la genèse au renouveau

La slip-on « sans lacets » est une chaussure formée comme un mocassin qui s'enfile directement telle une chaussette. Elle peut être basse ou haute comme les tendances des modèles actuels. L'histoire du modèle « slip-on » c'est avant tout la définition même d'une « success story » à l'américaine. Tout a commencé avec une petite affaire familiale sans grande ambition qui deviendra une référence de la culture skate. Lorsque Paul Von Doren et trois associés, fans de sports de glisse, ouvrent une boutique Vans à Anaheim (Californie) en 1966, ils sont loin de se douter que cette création va devenir un franc succès. Avec son modèle « slip-on » la marque arrive à s'installer de façon crédible dans le paysage des sports de glisses jusqu'à conquérir le monde du footwear. Cette expansion rapide s'est traduite grâce au film Fast Times at Ridgemont High réalisé en 1982 où l'on voit Sean Penn dans la peau d'un surfeur arborant les fameuses slip-on de Vans.

Après un rachat en 1998 par une banque d'investissement suite à une faillite, la marque Vans a su redorer son blason en développant la slip-on et d'autres modèles sur plusieurs angles. Aujourd'hui, la marque américaine est en expansion constante et permet à la slip-on de continuer de vivre jusqu'à en inspirer les plus grandes Maisons de Luxe...

Afin de toujours être dans l'innovation et la créativité, les Maisons de Luxe apprécient de reprendre des anciennes créations « vintage » à leur façon tout en s'inspirant de secteurs qui n'ont rien à voir avec eux. La mode est faite de cycles et finit toujours par revenir à son point de départ, de près comme de loin. Elle traduit les maux de notre époque et de la société dans laquelle nous vivons. Les autres disent c'était peut-être mieux avant. Faire du vieux avec du nouveau c'est ce que les marques de luxe aiment faire aujourd'hui. Elles espèrent ainsi toucher un maximum de cibles mais aussi paraître créatives sans l'être vraiment. Fendi, Balenciaga ou encore même Hermès (qui peut être vu comme une maison classique au premier abord) ont su saisir l'opportunité de cette montée en flèche de la slip-on revisitée en sneakers montantes. 

Balenciaga a été le précurseur de ces sneakers d'un nouveau genre avec la sortie de la Speed trainer. L'engouement s'est directement déployé à travers Instagram et l'hashtag #speedtrainer qui a été partagé dans le monde entier. Et nous découvrions un monde. Un monde où les influenceurs en première ligne prenaient des photos de ces sneakers atypiques sous tous les angles. Le cercle vertueux s'installait et tout le monde souhaitait se procurer cette revisite de la slip-on : les sneakers des temps modernes. Conséquences de cet engouement : des files d'attentes interminables et une demande sans fin. Pourtant la Speed trainer de Balenciaga n'était pas destiné à un tel succès au départ. Elle n'a pas été présente au défilé ni même présente dans le lookbook de la Maison. C'était juste un produit mis à la vente qui n'a jamais été valorisé via des communications. Ce sont donc les consommateurs qui en ont fait un objet star, c'était juste un pari de la Maison qui voulait entretenir le désir et la demande chez les clients. 

Le désir est un moteur cohérent qui peut facilement entraîner l'achat. Et aujourd'hui ce désir ne provient plus des magazines ou des défilés mais d'Instagram et des consommateurs. C'est une révolution dans la manière de communiquer. Les autres maisons l'ont bien compris et se sont également inspirées de la stratégie de Balenciaga entrainant un effet domino sur le modèle slip-on avec des déclinaisons de toutes les Maisons en modèles basses ou hautes. 

Faire du neuf avec de l'ancien, voici comment on peut résumer l'évolution de la slip-on qui s'était perdu dans les archives de Vans. Mais nous pouvons vous affirmer que la slip-on a encore de beaux jours devant elle et n'est pas prête d'être freinée par le manque de créativité...